Qu’est-ce qu’un firesteel et comment l’utiliser ?

Novembre 2023

Le firesteel est un accessoire bien connu des amateurs de bushcraft qui se classe dans la catégorie des allume-feu. Également appelé pierre à feu, il s’agit d’une barre de ferrocérium qui, lorsqu’on la gratte, projette des étincelles chaudes de 3000°C capables d’enflammer un initiateur de feu (= substance qui aide à démarrer un feu), qu’il soit naturel ou chimique. Si le firesteel peut sembler être un gadget, on réalise à quel point c’est un outil intelligent à intégrer à votre équipement de base dès lors qu’on a appris à s’en servir.

Cet article s’adresse, entre autres, à ceux qui ont l’habitude d’utiliser un briquet pour allumer un réchaud ou un feu de camp, et qui ne voient pas forcément l’intérêt d’emporter un firesteel. Je vais vous donner quelques arguments en sa faveur qui, je l’espère, vous donneront envie de tester cet allume-feu, de vous entraîner à son utilisation et de l’adopter.

Les avantages de la pierre à feu

Mécaniquement, de par sa nature, un firesteel ne tombe jamais « en panne ». Aucun risque qu’il ne fonctionne plus au moment où vous en avez besoin, contrairement à votre briquet qui comporte des pièces qui s’usent et qui peuvent casser. C’est notamment le cas de la roulette qui gratte la pierre et dont la taille réduit à chaque utilisation sans possibilité de voir son état. Ensuite, le briquet n’est pas forcément résistant à une immersion dans l’eau. Enfin, une fois le réservoir de gaz vidé, son utilisation devient pour le moins compliquée. La pierre à feu, quant à elle, est étanche et ne nécessite pas de gaz.

Le firesteel est juste une barre qu’on gratte, avec une poignée (éventuellement) et un grattoir. Il n’y a donc pas de surprise et pas de risque qu’il soit subitement inutilisable. C’est un accessoire fiable et durable. Son seul défaut mécanique est qu’il peut s’oxyder si vous l’oubliez dans une poche ou dans un contenant humide. Mais ça ne m’est personnellement jamais arrivé alors que j’en utilise depuis une quinzaine d’années.

Comment allumer un feu avec un firesteel ?

Son utilisation est simple avec un minimum de formation. Il suffit de gratter le firesteel avec un grattoir ou avec le dos de la lame d’un couteau au-dessus de l’initiateur de feu qu’on souhaite allumer. Les flammes s’obtiennent quasi instantanément. Concernant la lame du couteau, elle ne doit pas être trop arrondie, ni trop douce. L’arête doit être à 90°. On retrouve ces qualités sur quasiment tous les couteaux typés bushcraft comme ceux de la gamme Mora.

Il existe différentes techniques que je vais vous décrire ici et qui seront également illustrées dans de courtes vidéos ci-dessous. Par habitude, j’utilise le dos de lame de mes couteaux plutôt qu’un grattoir, mais n’hésitez pas à tester les deux méthodes. Il est à noter qu’on ne gratte pas le firesteel avec le tranchant de la lame afin d’éviter de ruiner la trempe de l’acier par la température dégagée.

Méthode 1 : gratter le bout du firesteel au plus près de l’initiateur

On tient le firesteel dans sa main non dominante et le grattoir dans la dominante, puis on place le grattoir à un centimètre du bout du firesteel. Dans un geste simultané, on tire le firesteel vers l’arrière avec l’index de la main non dominante en poussant sur le grattoir avec le pouce, tout en poussant sur le grattoir avec la main dominante. Cette méthode envoie des étincelles dans l’initiateur de feu avec une grande précision mais elle nécessite un peu de pratique et ne fonctionne qu‘avec des firesteels de grande qualité. A titre personnel, mes préférés sont ceux de la marque Light My Fire.

Avec un modèle bas de gamme, on va décrocher des copeaux de firesteel, mais ils ne déclencheront pas de combustion. Le gros intérêt de cette méthode réside dans le fait qu’on utilise le bout du firesteel. Ainsi, cela évite de créer un creux dans celui-ci comme c’est le cas sur la photo ci-dessous. C’est le défaut classique avec la méthode de traction du firesteel que je vais vous présenter ensuite.

A terme, le creux va fragiliser cette extrémité qui finira par casser, perdant ainsi un bon nombre d’allumages.

Méthode 2 : traction sur le firesteel

On place le firesteel dans la main non dominante au-dessus de l’initiateur de feu et le grattoir dans la main dominante contre le firesteel. D’un geste simultané, on tire le firesteel tout en poussant le grattoir. Cette méthode produit un grand nombre d’étincelles, est mécaniquement très simple à réaliser mais reste moins précise que la première et a tendance à créer le creux dans le firesteel décrit plus tôt. En effet, la pression est moins constante et se relâche au bout du firesteel.

Méthode 3 : le planté de couteau

Cette technique se réalise avec un couteau plutôt qu’un grattoir. On plante la pointe de couteau dans l’initiateur de feu ou juste derrière lui, tranchant vers le haut et l'arête de la lame faisant face à l’initiateur. On gratte fortement le firesteel le long de l'arête. Cette méthode permet de décrocher une belle gerbe d’étincelles de façon précise et nécessite peu de gestes ce qui la rend sécure en cas de fatigue ou de faible luminosité. D’autant plus que le couteau ne bouge pas pendant la procédure.

Méthode 4 : une seule main

Cette méthode est intéressante à travailler dans l’éventualité d’une blessure rendant difficile ou impossible l’emploi des deux mains. On pose l’extrémité du firesteel contre l’initiateur de feu. Puis, en tenant son couteau (tranchant vers le haut et arrête contre le firesteel) avec tous les doigts sauf le pouce, on utilise le pouce pour pousser le bout du firesteel en le frottant le long de l'arête le plus fort possible. N’ayez pas peur de vous brûler, l’action est suffisamment rapide pour éviter cela. Idéalement, entraînez-vous à cette pratique avec votre main non dominante et votre main dominante alternativement.

Firesteel et initiateur

Les firesteels n’enflamment pas que des initiateurs chimiques et avec un peu de recherche et de pratique, vous trouverez un bon nombre de ressources naturelles qui vous permettront d’allumer un feu. Dans les vidéos, j’utilise de l’écorce de bouleau que j’ai grattée avec mon couteau pour former de fines particules facilement inflammables. D’une manière générale, vous obtiendrez d’excellents résultats avec :

du bois gras (bois de conifère chargé en résine)
de la résine liquide du sapin baumier
des copeaux de bois pourri et sec
à peu près toutes les plantes un peu cotonneuses (chardon, épilobe hirsute, massettes)
des copeaux de TinderSticks de Light My Fire

Vous entraîner à tester ces ressources naturelles vous donnera confiance en votre capacité à allumer un feu en toute circonstance.

Se signaler en cas de problème

Imaginons un scénario catastrophe. Vous êtes immobilisés par une blessure, vous avez pu prévenir les secours, mais la nuit est tombée et vos lampes n’ont plus de batterie. C’est le moment de sortir le firesteel et de faire jaillir des gerbes d’étincelles ! Elles seront très visibles, même de loin et permettront que vous soyez repérés. Cette utilisation du firesteel n’est pas souvent exposée alors qu‘elle est très efficace, je vous en fais donc profiter.

En conclusion, le firesteel est à mon avis un outil qui mérite que l’on s’y intéresse, il a remplacé le briquet dans mon kit feu et j’en utilise constamment, en testant différentes marques. Il est intéressant d'envisager d’en emporter un, au moins en back up, et de vous entraîner grâce aux méthodes décrites dans cet article. Une fois que vous le maîtriserez, vous pourrez aussi assez facilement initier vos enfants à son utilisation qui est plutôt ludique et sans risque.

Voici les pierres à feux que je recommande:

Firesteel et grattoir Light My Fire Army (environ 12000 utilisations)
Firesteel Kupilka

Yves JEAN