Quel matériel d'urgence emporter en randonnée ?
Novembre 2023
Secouriste, instructeur de bushcraft et randonneur depuis de nombreuses années, Yves livre ses conseils sur le matériel d’urgence à apporter avec soi en randonnée, que ça soit pour anticiper une blessure, faire face à un changement brusque de la météo ou tout simplement en cas d’égarement.
Des vêtements chauds, une veste imperméable, un téléphone portable ou une trousse de secours sont les premiers éléments auxquels on pense pour faire face aux risques présentés ci-dessus. Dans cet article, Yves aborde le sujet sous un angle différent de celui qu’on lit habituellement. Il propose du petit matériel, souvent léger et peu encombrant, qui peut sauver la vie en cas de problème.
Voici ses astuces.
« Je sais par expérience que les randonneurs n’aiment pas forcément emporter du matériel d’urgence pour leurs sorties afin d’éviter de se surcharger. Mais, étant secouriste et friand d’histoires en milieu naturel qui ont mal tourné, j’envisage toujours les choses sous l’angle de la survie ou de la gestion d’urgence. C’est même cette réflexion qui est la base de mon intérêt pour les techniques de survie et de bushcraft. Si, en tant qu’adulte, vous préférez partir sans ce genre de matériel, cela n’engage que vous. En revanche, si vous randonnez en famille et particulièrement avec des enfants, alors vous devriez considérer d’emporter un minimum de matériel d’urgence, sans forcément vous charger de façon déraisonnable.
Parmi les risques potentiels en milieu naturel, le plus important reste l’exposition aux éléments comme le vent, le froid, la pluie ou la chaleur qui, en influant sur votre température corporelle, vous mettent en danger. Diverses solutions individuelles ou collectives permettent de vous isoler des éléments pour attendre les secours.
Abri de survie, essentiel pour se protéger des éléments
On retrouve, en premier lieu, l’abri de survie. Il s’agit d’un dôme fabriqué en polyester enduit de polyuréthane, aux coutures étanches, équipé de panneaux noirs isolants sur lesquels on s’assoit. Un hublot pour certaines versions permet de voir dehors. Ces abris de survie disposent également d’une aération, d’un sac de rangement et d’un cordon de serrage. Ils sont de couleur orange et possèdent des bandes réfléchissantes afin d’être repéré facilement par les secours.
En cas de besoin, on déploie l’abri, on le place au-dessus de nos têtes avant de s’asseoir sur les panneaux noirs, puis on serre le cordon de serrage. Assez vite, vous allez constater que l’abri emprisonne votre chaleur corporelle et crée un microclimat confortable, tout en vous protégeant du vent et de la pluie. Vous pouvez utiliser une bougie pour bénéficier d’un apport de chaleur supplémentaire (attention évidemment à ne pas toucher les parois avec la flamme).
Dans un autre usage, l’abri peut aussi servir de couche isolante supplémentaire, en l’utilisant comme une couverture ou entre le sol de votre tente et votre matelas par exemple.
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Couverture de survie et bivvy bags
Si je ne suis pas fan des couvertures de survie de base (la version avec une face dorée et une face argentée) qui sont bruyantes et fragiles, d’autres alternatives existent. Plusieurs fabricants comme SOL (Survive Outdoors Longer), Lifesystems ou Arcturus produisent des couvertures, sacs ou sursacs résistants et réutilisables qui garantissent de s’isoler des éléments et de conserver sa chaleur corporelle. Ces solutions sont clairement un atout pour la gestion de l’hypothermie, notamment en cas de gros problème médical où chaque degré perdu diminue les chances de survie de 10%.
Les couvertures toutes saisons possèdent une certaine rigidité et des œillets qui permettent de les utiliser comme abri d’urgence ou comme tarp mais sont plus encombrantes. J’utilise souvent ce genre de modèle dans le fond de mon hamac en cas de temps froid pour ajouter une couche isolante sous mon matelas et mon sac de couchage et ainsi éviter le froid aux fesses typique des hamacs (les fans de hamacs sauront de quoi je parle).
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Si vous trouvez ces modèles trop encombrants, SOL propose des couvertures de survie plus légères. Elles sont beaucoup moins bruyantes, plus solides et bien plus durables que les modèles de base que l’on retrouve partout avec un prix qui reste somme toute assez modique.
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Il existe, par ailleurs, des versions appelées “bivvy bag” ou “survival bag” qui sont des sacs ou sursacs de couchage qui sont de fait plus hermétiques que les couvertures, notamment en cas de mouvement et qui existent en différents modèles (avec ou sans fermeture éclair , avec ou sans cordon de serrage...). Elles sont globalement tous résistantes au déchirement. Leur prix est supérieur à celui des couvertures mais il sera vite rentabilisé. A titre personnel, j’utilise l’Escape Bivvy Bag de SOL qui m’a souvent servi comme drap de sac ou sursac. Il m’a permis de passer d’un froid inconfortable à un sommeil douillet. Je l’emporte dans mon sac en toute occasion.
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Les chaufferettes, utiles ou pas ?
Des chaufferettes peuvent vous aider à récupérer de la dextérité manuelle en cas de début d’hypothermie et de réchauffer un blessé immobilisé en lui appliquant dans le creux de l’aine ou sous les aisselles. Elles s’utilisent sur une couche de vêtement et non directement sur la peau. Il en existe à usage unique, réutilisables, électroniques ou à charbon.
A titre personnel, j’utilise des chaufferettes réutilisables. Elles nécessitent de faire bouillir de l’eau afin d’activer leur propriété. C’est simple, rapide et très efficace.
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Le sifflet pour se signaler aux secours
L’accessoire essentiel que tout le monde devrait avoir ne pèse rien, ne coûte pas grand chose et ne prend pas de place. Il n’y a donc aucune raison objective pour ne pas en emporter un. Je parle du sifflet !
Certains fabricants de sac à dos en ajoutent aux bretelles de leurs modèles, ce qui est un vrai plus de mon point de vue. Sinon, de nombreuses marques proposent des sifflets sans bille qui s’entendent à une bonne distance. Si vous emmenez vos enfants, n’hésitez pas à leur donner un sifflet et à l’utiliser en simulant le fait d’être perdu. C’est ludique et une bonne façon de les former. SOL (toujours eux) propose des sifflets plastique sans bille qui pèsent seulement 6 grammes et envoient 100 dB. Bouchez-vous les oreilles quand vous les utilisez. On trouve également des modèles en aluminium.
Siffler le code morse S.O.S (trois sifflements courts, trois sifflements longs, trois sifflements courts) est reconnu internationalement comme un signal de détresse et vous permettra d’appeler à l’aide sur une distance bien plus longue que vous ne le feriez en criant, et sans entraîner de fatigue ou de risque de devenir aphone.
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Le miroir de signalisation, un accessoire sous-côté ?
Hormis le sifflet, on retrouve le miroir de signalisation. Refléter le soleil avec un miroir est également une façon de signaler une détresse qui ne demande aucun effort, et ce, sur une grande distance aux secours héliportés, en avion ou au sol. Pour utiliser un miroir de façon précise, il vous suffit de le pointer vers le soleil, de placer deux doigts en V devant et de pointer le V dans la direction que vous visez. Bougez légèrement le miroir pour alterner reflet et non reflet. Entraînez-vous également au S.O.S morse. Enfin, vous pouvez utiliser le miroir de votre boussole si elle en est équipée
Le miroir Adventure Kit de Solar Brother mérite qu’on s’y attarde. Il se constitue d’un miroir et d’une lentille de Fresnel qui sont souples et incassables. Je parlerai de l’intérêt de la lentille de Fresnel dans le paragraphe suivant. Pour un poids de 25 g dans une pochette plastifiée (que vous pouvez emporter ou pas), c’est selon moi un indispensable.
Le miroir du Adventure Kit Solar Brother en action (© Photo Y. Jean)
Le kit feu, un élément multifonction
Le Feu permet de se réchauffer, de faire bouillir de l’eau pour la purifier et de se signaler en utilisant la fumée. On fabrique un trépied dans lequel on place du bois vert de conifères couverts d'aiguilles et on met le feu dessous. Cela nécessite d’emporter au minimum un briquet, des allumettes « tempêtes » ou un firesteel. Un allume feu qui brûle au moins une minute par tous les temps peut vous sauver la vie en cas de problème.
Un bon vieux briquet Bic fait l’affaire. Sinon, investissez dans un briquet plasma ou tempête si vous le souhaitez. Les allumettes tempêtes résistent au vent et à la pluie (voire à l’immersion dans l’eau) et un firesteel projette des étincelles à 3000°C capables d’enflammer des allume feux naturels ou chimiques. De même, vous trouverez facilement des allumes feux sous forme de mèches enduites de combustible.
La lentille de Fresnel de l’Adventure Kit Solar Brother présenté plus haut vous permet d’allumer un feu en concentrant les rayons du soleil quasi instantanément. S’il ne fonctionne qu’avec le soleil, c’est néanmoins un doublon efficace et intéressant à emporter.
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Pour vous signaler de nuit, vous utiliserez probablement une lampe torche ou frontale qui fait forcément partie de votre équipement de base. Je vais ajouter une astuce et un objet à cette réflexion. Si vous souhaitez être repéré grâce à votre lampe, plutôt que de chercher les secours en éclairant à l’horizontale, cherchez autour de vous un arbre haut et éclairez sa cime. Vous serez repérables de beaucoup plus loin. Une lampe possédant un mode S.O.S, est encore mieux. Enfin, emporter un Cyalume (environ 25 g) est intéressant. Ces bâtons lumineux par réaction chimique se placent au bout d’une ficelle. Faites-le tourner le plus vite possible. Vous créerez ainsi un cercle lumineux d’un bon diamètre, visible d’une belle distance.
Je n’enfoncerai pas de porte ouverte en ajoutant à la présente liste de matériel un filtre à eau ou un kit de cuisine (popote et réchaud) puisqu’il font surement partie de votre équipement. Ma dernière recommandation sera d’emporter une trousse de secours orientée bobologie au minimum et plus spécialisée si vous êtes formés en secourisme. Inutile d’emporter du matériel que vous ne savez pas utiliser. Et comme on dit : stay safe ! »
Yves Jean